La biodiversité dans le Jorat

La valeur naturelle et scientifique du massif joratois ne fait aucun doute : château d’eau, refuge d’au moins 90 espèces menacées, il joue un rôle dans le maintien de la biodiversité forestière sur le Plateau suisse. Il constitue par ailleurs le dernier relais boisé entre les Préalpes et le Jura et offre aussi l’opportunité, aux portes d’une ville universitaire, d’un véritable laboratoire à ciel ouvert de cette relation vivante des Hommes à la forêt.

La forêt du Jorat est le résultat d’une forte exploitation humaine ces derniers siècles. La faible fragmentation du milieu et les faibles effets de lisière qui en découlent favorisent une faune strictement forestière qui y trouve un dernier bastion sur le Plateau.

Le Jorat bénéficie depuis plusieurs siècles de l’intérêt des naturalistes. Au tournant du siècle, le programme Jorlog, porté par la Ville de Lausanne et l’université, a permis de documenter une grande partie des valeurs naturelles du Jorat lausannois. Plus récemment, les Journées de la biodiversité (2017) ont permis de compléter la cartographie des espèces remarquables sur le périmètre du projet. Grâce à ces efforts, la présence d’au moins 1’134 espèces a pu être attestée depuis 30 ans dans le périmètre du projet. Cinquante-quatre d’entre elles figurent sur les Listes Rouges nationales des espèces menacées de disparition et 83 sont listées comme prioritaires par la Confédération.

Portraits d’espèces

Le triton palmé

Le triton palmé

Le triton palmé (Lissotriton helveticus) a été décrit la première fois par le Comte Grégoire de Razoumowsky, sous le nom de Salamandre Suisse dans le Jorat en 1789. Ce petit amphibien mesure entre 6 et 7.5 cm, ce qui fait de lui le plus petit triton en Suisse. Il se...

Sittelle torchepot

Sittelle torchepot

Un outil en remplace un autre chez la Sittelle, qui fait usage de son long bec plus comme d’une truelle que d’un pic. Ce transfert fonctionnel la rend dépendante du Pic épeiche, dont la présence est souvent déterminante pour l’offre en cavités de nidification. Elle ne se contente pas de squatter pour autant car, comme l’indique son nom, c’est une experte en maçonnerie dont la spécialité est de réduire l’orifice d’accès à sa taille par un torchis pouvant prendre l’aspect d’un bouchon extrêmement solide.

Pouillot siffleur

Pouillot siffleur

Le Pouillot siffleur se cantonne avant tout dans les hautes futaies exemptes de sous-bois. Cet insectivore strict a énormément décliné dès la fin des années 80 et a même complètement disparu de certaines forêts, probablement en raison du réchauffement climatique. Dans les Bois du Jorat, cette espèce charismatique ne niche plus que dans le Bois de Benenté.

Grand mars changeant

Grand mars changeant

Le Grand Mars changeant est l’un des plus grands papillons forestiers d’Europe. Sa chenille se reproduit sur les jeunes saules marsaults qui abondent dans les clairières humides du Jorat. Au coeur de l’été, ce magnifique papillon aux reflets azurés peut être observé voltigeant dans la canopée.

Fourmi des bois

Fourmi des bois

Le Jorat abrite 5 des 6 espèces connues de fourmis des bois. Elles se nourrissent de très nombreux insectes et exploitent le miellat des pucerons vivant sur les arbres. Avec plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’ouvrières par nid, les fourmis des bois jouent un rôle très important dans l’équilibre des forêts.

Lichen épingle vert olive

Lichen épingle vert olive

Ce lichen fut découvert sur l’écorce d’un gros chêne et est à peine visible à l’oeil nu. Il se développe dans les fissures profondes de l’écorce des vieux feuillus, à l’abri du ruissellement de la pluie. C’est une espèce menacée en Suisse, en raison de la raréfaction des très vieux arbres.

Sonneur à ventre jaune

Sonneur à ventre jaune

Le sonneur à ventre jaune est un petit crapaud qui doit son nom aux motifs jaune vif sur fond sombre qui ornent son ventre. Dans le Jorat, cette espèce est plutôt rare et se rencontre uniquement au détour des petits plans d’eau temporaires et bien ensoleillés, tels ceux qui se forment au pied d’un arbre renversé.

Diaperis boleti

Diaperis boleti

Diaperis boleti est un petit insecte, de l’ordre des Coléoptères. Ses larges bandes orange sur les ailes le rendent impossible à confondre. Les larves et les adultes de cette espèce peu fréquente en Suisse se développent obligatoirement dans de gros champignons polypores poussant sur de vieux arbres feuillus.

Bolet indigotier

Bolet indigotier

Le bolet indigotier n’a pas été signalé ailleurs dans le canton de Vaud. Cette espèce des sols siliceux est très rare en terre romande, mais pas au niveau suisse en raison de son abondance au Tessin. S’agissant d’un champignon mycorhizien, il vit en association avec les arbres et leur fournit eau et minéraux en échange des sucres produits par la photosynthèse.

Rubanier dressé

Rubanier dressé

Le rubanier dressé présente de longues feuilles étroites comme des épées hors de l’eau. Il enfonce ses racines au fond de l’eau, à la limite des berges des ruisseaux, qu’il stabilise par ses racines tout en ralentissant le courant de l’eau.

Mollusque

Mollusque

L’Hélice grimace doit probablement son nom aux dents qui bouchent partiellement l’ouverture de sa coquille. Les poils qui recouvrent sa coquille sont une autre particularité de cette espèce forestière.

Musaraigne aquatique

Musaraigne aquatique

Des musaraignes aquatiques vivent dans les bois du Jorat, le long de certains ruisseaux. Cette musaraigne plonge et nage dans les ruisseaux à la recherche de petits invertébrés aquatiques dont elle se nourrit. Cette musaraigne a besoin de berges bien végétalisées et riches en galeries. La qualité de l’eau du ruisseau doit également être bonne.

Nemoura sciurus (Plécoptère)

Nemoura sciurus (Plécoptère)

Parmi les 112 espèces de plécoptères connus de Suisse, Nemoura sciurus fait partie des plus menacées. Elle a maintenant presque totalement disparu de Suisse puisqu’on ne la trouve plus que dans quelques petits cours d’eau très préservés du Jorat.

Communautés des milieux aquatiques et humides

La nature humide des forêts du Jorat et l’abondance des petits plans d’eau que l’on y trouve se reflètent par une flore aquatique menacée riche (Callitriche sp., Nitella opaca, Ranunculus lingua ou encore Veronica scutellata). Bien que peu d’espèces de batraciens menacés soient présents dans le Jorat, l’abondance du crapaud commun dans ce massif est remarquable. Son principal prédateur, le putois, est également présent.

Les milieux crénaux (sources) constituent une autre richesse des forêts joratoise. Bien que mal documentés, ces milieux hébergent une faune et une flore remarquable en cours d’inventaire. Ces sources donnent naissance à un réseau dense de petits ruisselets et ruisseaux dont la macro faune benthique remarquable a été étudiée en détail.

Plusieurs autres espèces inféodées aux bas-marais et aux forêts humides sont présentes. La bécasse des bois ou le leste dryade, petite libellule localement abondante dans le Jorat, en sont deux représentants caractéristiques.

Communautés des vieilles forêts et du bois mort

Les champignons, parmi lesquels de nombreuses espèces liées au bois mort ou en décomposition, représentent près de la moitié des espèces menacées. Ce cortège est complété par d’autres espèces caractéristiques des vieilles futaies avec une grande quantité de bois mort sur pied ou au sol. Les chauves-souris (avec 4 espèces menacées présentes) ou le pic cendré y sont strictement inféodés. Il ne fait aucun doute que de multiples autres espèces d’invertébrés liés au bois mort sont présentes mais non documentées dans le périmètre du projet.

Espèces exotiques envahissantes

Plusieurs espèces de la liste noire des espèces exotiques envahissantes sont présentes dans le périmètre du projet. Dans le Jorat, les néophytes invasives actuellement présentes sont : la renouée du Japon, le solidage du Canada/géant, l’élodée du Canada, la vergerette annuelle, le buddleia de David, l’impatiente glanduleuse et le laurier-cerise. 30 observations ont été transmises sur l’ensemble du périmètre depuis 30 ans.